Tu es née comme tous les bullys de mon élevage chez Marie-Paule. Quand tu es arrivée sur la table ou l'on réveille les bébés, je me suis dis tout de suite, cette femelle je la garde.

 Pourquoi ?? ta couleur, je voulais une bringée foncée. Tu étais un joli bébé, beaucoup de personnes auraient voulu t'acheter, mais il en était hors de question. Puis la nature nous a joué un vilain tour, à partir de 3 mois ta mâchoire s'est avancée de plus en plus, mon espoir d'avoir un superbe sujet bringé à sortir en expo s'éloigna.

 Ahh!! cette génétique !! on est loin de tout maîtriser. La pastille fut un peu longue à passer, mais bon je mis fis, pas d'expos avec KIKI. Une chose est sure tu ne pouvais pas passer inaperçu. Une fifille de 30 kg, qui a les dents qui ressortent, c'est impressionnant.

 Tu as eu tes admirateurs et tes détracteurs, comme tout chien exceptionnel. Quand des clients venaient à l'élevage choisir un chiot, beaucoup m'en demandaient un comme toi. Pourtant je ne  leur cachais pas que ta mâchoire n'était pas la plus recherchée, mais ils s'en foutaient, ils voulaient une KIKI !!

Un bon bulldog qui impressionne. Tu a été une excellente reproductrice, en 2 portées 21 bébés, de la folie. Par contre ta vie était chaque fois mise en  jeux, à 57 jours il fallait ouvrir, car tu n'en pouvait plus. J'avais tellement peur, je te disais tu vas être si heureuse avec tes bébés car tu les aimais tes petits, une vraie mère poule.

 A ta deuxième portée, j'ai gardé la petite Uguette, d'ailleurs ca me fais mal quand je la vois, elle te ressemble tellement. Coté santé, tu étais un roc !! Jamais malade, les seules fois que tu allais chez le vétérinaire, c'était pour un vaccin ou une césarienne. Moi qui m'imaginais que tu battrais le record de longévité du bulldog.

 Les signes sont arrivés en octobre, essoufflements, crachats, j'ai pris rendez-vous chez un vétérinaire près de chez nous pour une radiographie et une échographie des poumons. Le verdict est tombé.... cancer généralisé, une tumeur grosse comme un œuf s'est installée dans ton poumon et pleins d'autres plus petites par ci par la. Le vétérinaire m'a proposé de t'euthanasier de suite car pour lui il ne te restais que quelques jours à vivre.

 J'ai refusé, je voulais t'avoir encore quelques temps pour  profiter de toi. Tant pis le pari était lancé !! Un traitement fut mis en place, piqûre tous les 2 jours tant que sa se maintiendrai et ensuite on passerai à une par jour. Tu as été mise dans du coton, partout ou j'allais tu étais avec moi, je t'emmenai faire des petites ballades à ton rythme, dire qu'avant tu fonçais jusqu'à en perdre haleine.

 Une fois au restaurant une mamie assise à une table à coté de nous m'a demandé si elle pouvait te donner un morceau de son steak car elle adorait les vieux chiens. Je lui ai répondu que tu  avais que 4 ans et demi, mais que tu étais atteinte d'un cancer, et que la maladie tant faisait paraître deux fois plus.

 La mamie peinée, te tandis son steak en entier, en ajoutant qu'elle n'avait aucun regret de te le donner. Je dois dire que mon cœur a battu très fort ce jour là. J'ai pris autant de plaisir que toi à te regarder déguster ton morceau de viande. Noël arriva, tu as même eu droit à  avoir du chocolat.... se qui est formellement interdit en temps normal, mais bon partir de ça ou d'autre chose.... Autant mourir dans le péché !!

 Puis l'étape finale arriva, un regain d'énergie, le mieux avant le pire !! J'ai appelé Marie-Paule en lui expliquant que depuis deux jours tu respirais encore plus mal, de l'eau s'infiltrait dans tes poumons, c'était la fin. On t'as tenu deux jours de plus avec des diurétiques, le 2 janvier j'ai décidé de t'emmener chez Marie-Paule pour t'endormir.

 Je t'ai mis sur le siège à l'arrière, tu m'as regardé tout le long du trajet dans le rétroviseur, j'évitais ton regard pour pas pleurer, en roulant c'est pas facile.... La chose que je redoutai le plus arrivait à grands pas.... Combien de fois j'ai espéré te retrouver morte dans ton panier, je sais c'est pas joli de penser ça, mais on aime pas faire face à ses obligations certaines fois.

 On est arrivées au cabinet, tu étais tranquille, tu la connaissais bien, je t'ai mis sur la table, tu attendais, je suis persuadée que tu savais ce qu'il t'attendait.... J'ai caché ma tête dans ton cou et j'ai attendu avec toi le dernier souffle, je l'entend encore, un souffle qui  voulait dire, ça y est j'y suis c'est fini....

 Je te serrai fort dans mes bras, car c'est moi ce jour là qui a eu peur, peur de te perdre, peur de vivre sans toi.... Tes cendres sont avec nous à la maison, et tu sais quoi ma KIKI....

Jusqu'au bout on serra ensemble, car lorsque viendra mon tour,

on serra tous réunis dans la même boite..... Tu me manques, je t'aime........