cherilou

Quelques jours après ma naissance ma maman (Carole) voit que ma cage thoracique s'enfonce, rien de bien grave si prit à temps (syndrome connu chez le Bulldog-Anglais). Alors en dehors des tétées, elle a prit la décision de me mettre en bouteille et en quelques temps ça devrait s'arranger.

Mais ça ne se passe pas comme prévu, en grandissant une de mes pattes avant reste droite, mon coude est soudé et en plus mon épaule dévie sur le côté. J'ai une malformation, il faut essayer de minimiser le problème.

Elle s'entretient avec sa veto préférée et commence en plus de me mettre en bouteille à m'emballer dans un linge et des pansements pour garder ma patte collée le long du corps. Je n'aime pas du tout ça, c'est pas confortable alors je me débat les 2 premières minutes, histoire de lui montrer que ça ne me plait pas. Comme elle insiste et bien j'arrête je me dis qu'elle sait se qu'elle fait et que c'est pour mon bien. Je vois bien qu'elle ne fait pas ça pour m'embêter, parce que des fois elle pleure et dit souvent "j'espère que je ne luis fais pas subir tout ça pour rien". Elle est fatiguée, il y a 5 portées en tout à s'occuper, et pour que je sois le moins traumatisé possible elle reste à chaque fois avec moi le temps que je m'endorme. Elle me caresse la tête et me parle. Ca marche bien, en peu de temps je m'endort, en faisant comme ça elle a le coeur moins lourd de me laisser seul dans ma bouteille. Dès fois, elle est très fatiguée, alors avant de m'installer elle me dit " Chérilou fais moi plaisir, endort toi vite" chose que je fais, je comprends tout se qu'elle me dit.

Nos efforts finissent par payer, ma cage thoracique stoppe de s'enfoncer et mon épaule est remise à sa place. Pour ma patte par contre, pas de changement, mon coude est ossifié . J'ai du mal à me soulever sur mes 3 pattes et demi, c'est pas évident, je ne comprends pas que je suis handicapé, je veux marcher et courir comme mes frères et soeurs. Petit à petit je maitrise l'équilibre et me déplace à ma façon on va dire. Carole et moi, ont est fier de nous, toutes ces semaines de galères finissent par payer. Quand les clients viennent, ils me plaignent, ont mal pour moi, pourtant je me sent heureux moi. Carole dit toujours "il ne faut pas le plaindre, c'est un chiot plein de vie, qui joue, il ne s'aperçoit pas qu'il est différent". En fait elle aime pas, ça lui fait mal au coeur, elle veut qu'on me regarde comme un beau bébé heureux de vivre. Se qui me fait plaisir, c'est qu'elle ne me cache pas aux clients, au contraire je suis le 1er sujet de conversation, elle explique à chaque fois notre histoire. Tous mes compagnons de chambrée partent dans leurs familles, Carole est soulagée par le travail.

Je viens d'avoir 6 mois, je suis le petit Chéricoeur de Carole, comme ma cage thoracique enfoncée m'a laissé des séquelles respiratoires et que mon corps et plus lourd, je ne peux plus jouer dehors avec les adultes. Je suis toujours en haut avec ma famille humain, je les aime tous, ils sont gentils avec moi. Je sors 5 à 10 minutes plusieurs fois par jours, et retourne me reposer dans le lit avec Rasmockette mon arrière grand-mère. Elle supporte plus les petits gosses (bébés chiens), mais moi elle m'aime bien.

Comme il n'y a pas de place sur cette terre pour les êtres faibles, le pire arrive. Ma patte se casse, une fracture spontanée, Carole m'emmène d'urgence chez le veto, elle préfère me garder pour la nuit et fera tous les examens demain matin, pour elle se n'est pas bon et je dois être à jeun . Carole repart le coeur triste de me laisser la, même une seule nuit, elle a un mauvais pressentiment, pourquoi ma patte a cassé sans que je tombe. Lendemain midi, le docteur appel, les nouvelles sont plus que mauvaises. L'os est cassé jusqu'à l'épaule, je n'ai plus aucune sensibilité sur la totalité de la patte, des tumeurs osseuses se sont fixées sur mon coude et ma trachée est écrasée sur les 2/3 de sa longueur. Seule issue possible, m'amputer jusqu'à l'épaule.

Mon petit coeur va t'il résister à la douleur ?

Vais-je pouvoir encore réussir à me déplacer ?

Je vais me fatiguer et donc m'essouffler encore plus, es-ce l'asphyxie qui m'attend ?

Cette maladie osseuse va t-elle se propager, une autre de mes pattes va casser dans 3 mois ?

Avec tout se que j'ai déjà dû surmonter, et se que je dois encore tenter cette nouvelle expérience qui a très peu de chance de me laisser vivre une vie acceptable ?

Le docteur dit que je suis un petit ange, que depuis hier soir je l'ai déjà fait craquer, qu'elle ne veux pas et ne croit pas du tout à une réussite, et que l'on a pas le droit de me faire subir toutes ces souffrances certainement pour rien.

Elle le fera juste par obligation si toi tu veux que l'on continu.

Moi je suis encore endormi, il faut réfléchir vite, une forte dose d'anesthésie aura raison de moi, je pourrai partir tranquillement sans que je ne m'aperçoive de rien, ma petite patte ne me fera enfin plus souffrir.

Moi Carole, je suis à genoux, le ciel s'écroule, je suis à 150 km de lui et je dois prendre une décision. J'ai l'image d'un bébé qui a juste la patte cassée. Tout défile dans ma tête, nos 6 mois vécus ensembles, les explications de ma veto, j'en entend la moitié, que souhaiterai Chérilou !!

Vite, vite, il va se réveiller, s'il doit partir, je ne veux pas qu'il ouvre les yeux pour les refermer pour toujours peut de temps après.

J'appel un ami, pas facile pour lui de me dire qu'elle décision prendre. Il n'est pas à ma place et sait l'amour que j'ai pour mon Chéricoeur.

Je dois appeler ma veto, par contre sortir les mots " ont arrête" m'est impossible.

Alors par lâcheté sûrement, à ma demande Thierry mon conjoint prononce les mots à ma place.

J'ai le coeur déchiré, les yeux remplis de larmes, le portable sonne, un message de Marie-Paule Natier : Voilà, le bébé est parti ...

Je me demanderai toujours si c'était la bonne réponse à donner, je sais que l'on a pas le droit de faire survivre un être, juste pour pas qu'il nous quitte.

Depuis ta naissance tu m'as toujours fait confiance, j'espères que tu ne le regrette pas.